Créateurs d'innovation
30/10/2025
Reviviscens, à l’ère de la cosmétique compostable
Lucie Labergerie incarne cette nouvelle génération d’entrepreneur(e)s qui souhaite concilier innovation et impact. Son ambition : prouver que la durabilité peut être la norme dans un secteur aussi consommateur de matières plastiques que la cosmétique. Comment ? En développant des emballages compostables pour la filière. Rencontre avec la fondatrice du projet Reviviscens qui envisage une mise sur le marché de son innovation d’ici deux ans.
Proposer des solutions d’emballages compostables pour la filière cosmétique. Cela résume bien la promesse de Reviviscens ?

Oui, Reviviscens s’inscrit dans une logique de réduction de l’empreinte environnementale du secteur cosmétique.
C’est en travaillant dans le domaine des cosmétiques que la petite graine a commencé à germer. J’ai pu constater que dans ce secteur, aucune solution propre et durable n’existait, avec des emballages composés essentiellement de plastique. Quant au verre, il s’agit bien d’une fillière de recyclage mais son process est lourd et énergivore en eau et chauffage.
Un constat sans appel. La solution du compostable, inexistante sur le marché, est rapidement devenue une évidence.
Après une période de recherche documentaire afin d’acquérir les bases théoriques du recyclage naturel, j’ai lancé les premiers essais en 2023, au sein de l’UBS où j’ai pu bénéficier de la mise à disposition d’un laboratoire.
Quel a été ton parcours avant de te lancer dans cette aventure de chercheuse/entrepreneuse ?
J’ai une formation d’ingénieur chimiste avec un double diplôme cosmétologie obtenu au Canada. Puis j’ai travaillé un an et demi à Montréal dans le secteur de la recherche pour le développement de produits cosmétos.
De retour en France, j’ai suivi un Master 2 entrepreneuriat à l’EM Strasbourg, en alternance au sein de l’entreprise Kerbi à Vannes.
Et me voici à 27 ans, prise au jeu de l’entrepreneuriat, autour d’un projet qui devient de plus en plus concret, avec notamment les premiers retours des tests normatifs qui s’avèrent très concluants.
En quoi consiste cette phase règlementaire ?
Le prototype que j’ai développé est soumis à un ensemble de tests qui doivent répondre à certaines normes en matière de compostage, mais pas que. La galénique (le type de formule utilisé) est également soumise à des tests de compatibilité entre contenant et contenu.
Toutes ces normes liées au secteur de la cosmétique sont très étroitement liées avec celles du secteur alimentaire. Ce qui offre une voie royale de diversification.
Mais la solution d’emballage que j’envisage de commercialiser est en première intention destinée aux marques cosmétiques, aux fabricants d’emballages ainsi qu’aux fabricants à façon. C’est un pot en matière biosourcée réalisé à partir de matière naturelle organique, et donc entièrement compostable directement de chez soi.

Quelles sont les prochaines étapes du projet ?
A court terme, la phase règlementaire doit se poursuivre jusqu’en 2026. A partir de là, je serai en mesure de me lancer dans le procédé industriel avec un début de mise à l’échelle. Si tous les feux sont au vert, la production devrait être externalisée, avec des modèles standards ainsi que du sur-mesure pour les grands groupes.
En parallèle, je prévois de protéger mon innovation via un brevet et de constituer une équipe autour de moi à partir de 2027. La création de la société devrait intervenir quant à elle dès l’année prochaine, si tout va bien.
On parle souvent des obstacles auxquels sont confrontés les créateurs d’entreprise. De ton côté, quels sont ceux auxquels tu dois faire face ?

Les délais sont toujours très longs dans le cadre d’un projet de R&D quand on sait que l’on passe par des étapes de prototypes, de tests normatifs etc… Mais je ne pensais pas que cela prendrait autant de temps. Tout ne dépend pas de moi à ce stade du projet.
La recherche de financement prend également du temps. Il m’a donc fallu trouver une source de revenus durant cette période de création. Je travaille 3 jours par semaine au sein d’une entreprise spécialisée en chimie où je travaille sur le volet règlementaire. En parallèle, je donne aussi quelques cours à l’UBS en Licence cosmétologie.
Après avoir bénéficié de l’incubateur régional Emergys, nous travaillons avec Caroline* à la recherche de fonds et à la structuration du projet.
Entre temps long de recherche et cycle naturel du compostage (comptez 6 à 12 mois pour un retour à la terre du produit), Reviviscens illustre parfaitement l’idée qu’une innovation responsable se construit pas à pas. Une aventure biotech à suivre de près dans les mois à venir.
*Caroline Cario accompagne Lucie dans le cadre de son projet Reviviscens
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