Créateurs d'innovation

20/03/2024

Florence Wuillai : le design au service d’une filière lainière durable

Sur les 14 000 tonnes de laine brute récoltée chaque année en France, seuls 20% sont valorisés aujourd’hui. Prise en tenaille entre une filière textile follement polluante et les préoccupations environnementales de notre époque, Florence Wuillai, jeune designeuse textile, se positionne comme un acteur clé sur la chaîne de la valeur du secteur lainier. Engagée dans une démarche éthique, elle fourmille d’initiatives innovantes en faveur d’une filière aux traditions ancestrales, au service des transitions.

Un savoir-faire ancestral à réinventer

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Diplômée de la Haute Ecole des arts du Rhin de Mulhouse, Florence fait partie de ces porteur(se)s d’idées novatrices que Vipe accompagne afin de les épauler dans la structuration de leur(s) projet(s). En vue, in fine, le développement d’une activité pérenne et viable…

Touche-à-tout et curieuse du monde qui l’entoure, la jeune artiste entrepreneuse s’est passionnée pour la fibre de laine lors d’un stage effectué chez une feutrière. « C’est là que j’ai découvert les techniques et les propriétés de la laine », confie Florence. Une révélation pour la jeune femme !

Malheureusement, la laine est loin d’avoir le vent en poupe dans un univers textile régi par le culte du coton et des matières aux composés synthétiques.

« La laine pâtit d’une image rustique et démodée. Dans l’imaginaire collectif, c’est une matière qui gratte, pas forcément agréable à porter ». Sans compter un savoir-faire de transformation qui tombe progressivement en désuétude. Aujourd’hui, Florence conçoit et fabrique des tissus en laine pour l’ameublement essentiellement : tapis, couverture, coussins…

« Métamorphoses de la laine » et autres pérégrinations

Artiste, elle pose rapidement les fondations d’un livre sur le sujet… Métamorphoses autour de la laine paraît en septembre dernier aux éditions Cardère. Une exploration autour de la laine qui tisse un lien entre anthropologie, pastoralisme et design.

Issue de l’univers artistique, Florence se définit également comme médiatrice auprès des acteurs de la filière (éleveurs, tondeurs, artisans, industriels…). « Les projets sur lesquels je travaille incluent l’ensemble du secteur, commente-t-elle. Je souhaite renouer le lien entre eux afin d’oeuvrer pour toute la filière lainière française. »

Florence vient d’ailleurs d’être missionnée par la filière ovine autour d’une grande enquête à destination des élevages bretons. 

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« A partir de cet audit, l’objectif est de pouvoir réfléchir à des solutions et d’inverser la tendance face à la gestion d’un stock de laine jugé encombrant et sans valeur* pour les éleveurs ovins. La filière aspire aussi à débloquer des fonds », commente la jeune femme. La laine, éco-produit et ressource valorisable au service d’une industrie textile moins consommatrice en énergie, Florence y croit dur comme fer !

Sur le terrain des industriels, Florence vient d’achever un projet ambitieux** auprès de la Charentaise, manufacture familiale qui confectionne les célèbres chaussons en semelle de feutre… en Charente. A l’oeuvre pour la designeuse, la conception d’un nouveau prototype de pantoufles, à partir de laine locale, dans le respect des techniques de fabrication artisanales.

Son rôle de médiatrice, Florence l’incarne aussi lors de temps de sensibilisation culturelle, notamment auprès des plus jeunes. « Avec « Revenons à nos moutons », le projet que j’ai mené auprès d’élèves de CM2 l’année dernière, j’ai pu initier les enfants aux différentes étapes de la transformation de la laine avec en vue la réalisation d’une oeuvre commune. »

En résidence au B.R.E.F à Vannes

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Depuis décembre dernier, la jeune designeuse a posé machines et matières premières au B.R.E.F, le tiers lieu culturel emblématique de Vannes. Cette résidence ouverte aux artisans locaux, Florence l’apprécie à sa juste valeur, et prend ainsi le temps de créer, tester de nouvelles techniques de feutrage…

« Il y a une vraie réflexion autour de filières régionales que nous devrions lancer. Selon les régions, la qualité de la laine sera différente. C’est en adaptant nos techniques à la fibre que l’on créera une intelligence de la matière et des terroirs. En tout, il existe 55 races ovines, soit autant de qualité de fibres distinctes. »

Au sud, les Mérinos d’Arles et les Lacaunes pour le tissage de pulls, chaussettes ! Les Landes de Bretagne, Rouges de l’Ouest et Ouessant offriront quant à elles une fibre plus grossière, idéale pour les tissus d’ameublement. « Tout est lié, renchérit la designeuse textile. La qualité de l’élevage aura forcément un impact sur la fibre de la laine. »

Si Florence a pu bénéficier du soutien des acteurs locaux, notamment de la Ville de Vannes grâce à une Bourse d’aide à la création artistique en 2023, la jeune artiste est consciente qu’elle devra inventer un modèle économique qui lui est propre afin de vivre pleinement de sa passion.

  • * En 2024, le cours de la laine avoisine les 0.10 centime par kg brut.
  • ** Dans le cadre d’un appel à projet de la Fondation Martell basée à Cognac (mécénat artistique)
  • Crédits photos :
  • ©MyaRoynard /©Florence Wuillai/©Alan Plouzennec

Florence Wuillai est accompagnée dans son développement par Gwladys Toton, Chargée de mission au sein de la technopole.

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